Les règles, ce tabou dont les femmes sont les premières lésées.
Même si la décennie écoulée a vu la parole se libérer en la matière, le tabou des règles restent encore solidement enraciné dans certaines parties du monde. C’est le cas de l’Inde et plus particulièrement de ses régions rurales.
Si l’on sait désormais les conséquences désastreuses de ce tabou absolu – décrochage scolaire, limitation des potentiels des jeunes filles et femmes, problèmes d’hygiène, de santé et d’environnement – parler des non-dits relève d’un vrai travail de communication socio-pédagogique destiné à une population féminine souvent illettrée.
Afin de faire passer les messages les plus importants auprès des femmes et des jeunes filles l’équipe du programme Puṣpiṇī à travailler durant plusieurs semaines au développement d’un matériel éducatif et de séances de sensibilisation qui informent sans heurter, qui ouvrent un espace de parole et qui encouragent le partage d’expériences au sein d’un espace sécuritaire non-jugeant.
Les ateliers dispensés dans les écoles, les collèges et les villages comprennent quelques minutes de respiration et de conscience corporelle. Cette introduction à la connaissance de son propre corps est loin d’être superflue puisque nombreuses sont celles qui ignorent être dotées d’un urètre, d’un vagin et d’un anus. Schémas et vidéo à l’appui, l’anatomie féminine et la physiologie des menstruations sont ensuite détaillées de manière ludique, souvent sous forme de questions-réponses.
Les commentaires recueillis après plus de trois mois de campagne de sensibilisation confortent l’équipe sur place quant à la pertinence de ce programme. Dissiper de lourds tabous est un travail de longue haleine comme en atteste les quelques témoignages ci-dessous :
- Pour moi, la coupe menstruelle était une protection compliquée car je pensais qu’il fallait la retirer pour pouvoir aller uriner.
- Lorsque j’ai eu mes règles pour la première fois, je pensais que j’allais mourir car je ne savais pas ce que c’était.
- Je préfère utiliser des linges comme protection menstruelle car lorsqu’on les fait sécher au soleil, personne ne peut savoir à quoi ils ont servi. Si j’utilise des serviettes cousues ovales, tout le monde saura, d’après leur forme, qu’il s’agit de protections menstruelles. Ce n’est pas possible.
- La coupe menstruelle semble une option intéressante mais mon mari ne veut pas que je l’utilise.